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cours:residanat:pneumologie:manifestations_respiratoires_des_hemopathies

Manifestations respiratoires des hémopathies

1. Introduction

  • Manifestations fréquentes, souvent urgence thérapeutique
  • La cause infectieuse doit toujours être recherché en premier lieux
  • Parmi les non infectieuses : médicamenteuses, hémorragie intra-alvéolaire (thrombopénie), oedème pulmonaire (hyper-hydratation), maladie thromboembolique, atteintes thoraciques spécifiques de chaque hémopathie, pneumopathies inflammatoires

2. Manifestations thoraciques associées aux lymphomes

2.1. Lymphome de Hodgkin

  • Hémopathie maligne, représente 1% des tumeurs malignes
  • Touche surtout vers la 30'aine, et la 50'aine, autant d'hommes que de femmes
  • Diagnostic = cellules de Reed-Sternberg (dérivée des lymphocytes B monoclonaux) + réaction inflammatoire importante au sein du tissu néoplasique
  • Curable dans 85-95% des cas, selon le stade

2.1.1. Atteintes thoraciques Hodgkiniennes

  1. LH médiastinal :
    • 85% des patients ont une masse médiastinale antérieure au diagnostic
    • Atteinte hilaire isolée exceptionnelle (⇒ évoquer autre diagnostic)
    • Rarement symptomatique (douleur, toux, dyspnée, parfois syndrome cave supérieur, épanchement chyleux (atteinte du canal thoracique))
  2. LH pulmonaire :
    • Maladie de Hodgkin pulmonaire primitive :
      • Entité exceptionnelle (100 cas dans la littérature) = localisation parenchymateuse prouvée histologiquement, sans atteinte ganglionnaire, ni autre localisation viscérale
      • La plupart sont asymptomatiques ; 1/3 ont des symptômes caractéristiques (amaigrissement, fièvre, sueurs nocturnes = symptômes B) ⇒ mauvais pronostic
      • Aspect radiologique non spécifique : nodule(s), parfois excavés, jamais calcifiés ; plus rarement infiltrats réticulo-nodulaires à distribution lymphatique (péri-broncho-vasculaire)
    • Lymphome Hodgkinien pulmonaire secondaire :
      • 20% de tous les LH ont une atteinte pulmonaire au diagnostic ; 40% vont la développé
      • Atteinte souvent multinodulaire et bilatérale (< 3 cm habituellement, contours réguliers, non calcifiés, parfois excavés), sans topographie particulière ; rarement infiltrat diffus, parfois associé aux nodules ; épanchement pleural dans 24% des cas
      • Tous ces patients avec atteinte pulmonaire au diagnostic ont une atteinte ganglionnaire intra-thoracique ; contrairement aux atteintes pulmonaires dans le cadre d'une récidive, qui peuvent être isolées
  3. LH bronchique :
    • Localisation présente dans 15% des cas (séries autopsiques) : sûrement sous-estimée (non recherchée)
    • Localisation trachéale synchrone possible (10%)
    • Clinique : toux, hémoptysie, rarement dyspnée
    • Endoscopie : lésion obstructive polypoïde, plaques ulcérées
    • Biopsie ⇒ diagnostic dans 2/3 des cas
  4. LH avec atteinte pleurale :
    • EPL observé dans 13 à 18% des cas, souvent unilatéral
    • Plus souvent du à une obstruction du drainage lymphatique qu'à un envahissement tumoral de la plèvre (rare)
    • Peut être transsudatif initialement, mais devient exsudatif lymphocytaire ; chylothorax possible par obstruction du canal thoracique

2.1.2. Manifestations pulmonaires associées au LH

  1. Réactions granulomateuses :
    • Réactions granulomateuses sarcoid-like : mise en évidence de granulomes épithélioïdes gigantocellulaires ; peut se voir dans 2 circonstances :
      • Réaction granulomateuse locale au contact d'une lésion lymphomateuse (constatée dans 14% des LH)
      • Syndrome sarcoïdose-lymphome : une maladie lymphoproliférative survient 5 fois plus chez un patient avec sarcoïdose active ; la sarcoïdose (de présentation habituelle) précède le lymphome (LH le plus souvent)
      • Physiopathologie inconnue (réaction granulomateuse aux Ag tumoraux, rôle de la bléomycine… ?)
    • Réaction granulomateuse histiocytaire :
      • Lésions histologiques semblables à l'histiocytose langerhansienne au décours de quelques cas de LH traités
      • Tableau principalement pulmonaire (aspect TDM classique), parfois atteinte osseuses et ganglionnaires
  2. Carcinome bronchique :
    • Incidence accrue de néoplasie secondaire chez les patients traités pour LH : 5 à 14% développent un cancer
    • Les plus fréquents (dans l'ordre) : sein, poumon (RR 2,6-7), leucémie aiguë, LNH, gastro-intestinaux
    • FDR : chimio-radiothérapie (risques additifs, sans évidence claire de synergisme), tabac (risque accentué)

2.2. Lymphomes non Hodgkiniens

  • Groupe hétérogène d'hémopathies B et T
  • 70% des patients ont 60 ans et plus au moment du diagnostic
  • 60% ont des ADP périphériques au diagnostic
  • 40% ont des symptômes systémiques
  • Cytoponction habituellement insuffisante ⇒ histologie nécessaire

2.2.1. Atteintes thoraciques des LNH

  • 3 mécanismes d'atteinte pulmonaire :
    • Dissémination hématogène
    • Envahissement du parenchyme et/ou des voies aériennes à partir d'une ADP hilaire ou médiastinale
    • Prolifération lymphocytaire pulmonaire primaire
  • Maladie intra-thoracique 2x plus rare que chez le LH ; les plus fréquentes : adénopathies médiastinales (34%), épanchement pleural (20%), atteinte parenchymateuse (13%)
  1. LNH ganglionnaire :
    • Peu fréquente au diagnostic
    • Isolée ou faisant partie d'une atteinte systémique
    • Souvent asymptomatique (ou bien signes de compressions bronchiques/vasculaires : toux, dyspnée, syndrome cave supérieur, épanchement le plus souvent chyleux)
  2. LNH médiastinal primitif : Lymphome B médiastinal (3% des LNH B) :
    • LNH à localisation médiastinale primitive
    • Développé à partir des cellules B thymiques
    • Plus fréquent chez la femme, moyenne d'âge au diagnostic inférieure à celle des LNH en général (30 à 40 ans)
    • Clinique : dépend des structures comprimées ou envahies (VCS le plus souvent, plèvre et péricarde, voies aériennes (peut mimer un asthme), artère pulmonaire exceptionnellement (HTP))
  3. LNH pleural :
    • LNH avec envahissement pleural :
      • Concerne 16% des LNH systémiques, ADP médiastinales souvent associées
      • Plus souvent unilatérale et gauche
      • Prend la forme d'épaississement ou de masse pleurale
      • Le plus fréquent = lymphome diffus à grandes cellules B, puis lymphome folliculaire
      • Signe une maladie systémique de mauvais pronostic
    • Lymphome pleural primitif : 2 sous types :
      • Pyothorax-associated lymphome (PAL) : (rare)
        • Résultat d'une inflammation chronique au sein de l'espace pleural ; rôle central du virus Epstein-Barr dans la pathogénie
        • Touche surtout l'homme > 65 ans, sans altération immunitaire
        • Fièvre, douleur thoracique pleurétique, toux, dyspnée
        • Épaississement pleural > 1 cm, circonférentiel, festonné, sans épanchement ; possible envahissement de la paroi (contiguïté), ADP médiastinales possibles
        • Survie moyenne < 1 an
      • Primary effusion lymphome (PEL) : (très rare)
        • Survient chez les patients VIH+ (compte pour 4% des LNH associés au VIH)
        • Associé au virus herpès 8
        • Se manifeste par des polysérites (plèvre, péricarde, péritoine)
        • Pronostic sombre : médiane de survie = 6 mois, 40% à 1 an
  4. Lymphome pulmonaire primitif :
    • Prolifération lymphoïde maligne au sein du parenchyme ou des voies aériennes, sans atteinte lymphomateuse extra-pulmonaire au moment du diagnostic et dans les 3 mois qui suivent ; peut s'accompagner d'ADP satellites hilaires ou médiastinales
    • Les LNH extra-ganglionnaires = 24-50% des LNH, mais LPP très rare (4% des LNH extra-ganglionnaires)
    • Différents sous-types (lymphome B de bas grade (87%), lymphome à grande cellules B (11-19%))
    • Les LPP de bas grade = lymphome MALT dans 90% des cas :
      • Fait partie du groupe des lymphomes de la zone marginale
      • MALT (mucosa-associated lymphoide tissue) = tissu lymphoÏde au sein des tissus épithéliaux (estomac, intestin, arbre bronchique, parenchyme pulmonaire, glandes salivaires…)
      • Peut être le siège de prolifération tumorale monoclonale de cellules B = lymphome de type MALT
      • Touchant autant les hommes que les femmes, vers 50-60 ans
      • 50% sont asymptomatiques (ou non spécifiques : toux, dyspnée, douleur thoracique, hémoptysie) ; moins de 25% ont des symptômes systémiques
      • Atteinte habituellement bilatérale et multi-focale, sous forme de condensation alvéolaire < 5 cm avec bronchogramme aérique
      • Diagnostic : histologie (biopsie bronchique, trans-bronchique, trans-thoracique)
      • Traitement : chirurgie pour les formes localisées, chimiothérapie pour les multi-focales ou les rechutes
      • Évolution : favorable (survie à 5 ans > 80%, médiane > 10 ans)
  5. LNH trachéobronchique :
    • Manifestation thoracique exceptionnelle de LNH, souvent dans le cadre d'une maladie disséminée ou réfractaire
    • Souvent lymphome B de bas grade ou diffus à grandes cellules B
    • La plupart sont asymptomatiques (ou dyspnée, toux sèche, sibilants)
    • Diagnostic : biopsie endoscopique habituellement

2.2.2. Réactions granulomateuses "sarcoid-like"

  • Possible, comme pour le LH
  • Elle sont constatées au contact des lésions lymphomateuses pour 7% des LNH

3. Manifestations thoraciques au cours de la leucémie lymphoïde chronique

  • Leucémie la plus fréquente de l'adulte des pays occidentaux (30% des leucémies)
  • Âge moyen du diagnostic = 65 ans ; hommes/femmes = 1,7
  • Prolifération monoclonale lymphocytaire B (95%) ou rarement T (5%)
  • Diagnostic : lymphocytose ≥ 4 × 109/l, prédominance de petits lymphocytes matures, critères immunophénotypiques
  • Clinique souvent fruste ; des symptômes généraux orientent plus vers : complication infectieuse, cancer secondaire, syndrome de Richter (transformation en lymphome de haut grade)
  • ADP et/ou SPM possible
  • Cytopénie possible à un stade avancé
  • Peut se manifester de façon atypique : syndrome tumoral sans lymphocytose circulante = lymphome lymphocytique (histologie et immunophénotypage identique à la LLC)
  • Ce dernier peut envahir des tissus non lymphopoïétiques (gastro-intestinal, poumon, orbites)

3.1. Atteintes thoraciques de la LLC

  • Localisations spécifiques fréquentes, en plus des pneumonies (déficit immunitaire humoral associé, cytopénies, toxicités médicamenteuses)
  1. LLC parenchymateuse pulmonaire :
    • Infiltrats parenchymateux lymphocytaires monoclonaux dans 26-41% des cas (séries autopsiques) ⇒ LLC = leucémie au cours de laquelle l'atteinte pulmonaire spécifique est la plus fréquente
    • Le plus souvent sans aucun signe clinique ou radiologique (ou bien : toux sèche, dyspnée progressive, fièvre, infiltrat interstitiel diffus non spécifique)
    • L'atteinte des petites voies aériennes est la plus symptomatique (nodules centrolobulaires et arbres en bourgeons)
    • Histologie : infiltrat dense lymphocytaire le long des axes broncho-vasculaires et des septa alvéolaires
    • Régression sous chimiothérapie quasi-constante
    • Quelques très rares cas de granulomes épithélioïdes, parfois nécrotiques, sans mise en évidence d'infection ou d'autre diagnostic
  2. Leucostase pulmonaire :
    • Exceptionnelle dans la LLC (hyperleucocytose extrême inhabituelle)
    • Rares cas décrits : lymphocytose > 500 × 109/l + infiltrat pulmonaire non spécifique
  3. LLC bronchique :
    • Rares cas symptomatiques de localisation bronchique
    • Rétrécissement concentrique de la bronche, trouble ventilatoire obstructif, atélectasie, infections à répétition
    • Atteinte laryngée possible
    • DDB : soit à cause des infections à répétitions, ou à cause de l'infiltration leucémique elle même (possible)
  4. LLC pleurale :
    • Épanchement pleural tumorale possible (soit LLC pleurale ou lymphome pleural à grande cellules = syndrome de Richter), surtout avec maladie avancée
    • Exsudat lymphocytaire, souvent sérohématique
    • Il est difficile de différencier les lymphocytes tumoraux des lymphocytes réactifs normaux dans le liquide pleural ⇒ immunophénotypage
    • Chylothorax possible également (rare) : compression du canal thoracique par des ADP médiastinales
  5. LLC ganglionnaire thoracique :
    • Atteinte ganglionnaire fréquente, mais rarement mise en évidence (asymptomatique)
    • Peut entraîner des compression des VA proximales (trouble ventilatoire obstructif, atélectasie, pneumonie obstructive)

3.2. Complications respiratoires associées à la LLC

  1. Carcinome bronchique :
    • LLC ⇒ risque accru de développer des tumeurs solides
    • Principales tumeurs : cutanées et bronchiques (RR 1,6)
    • Indépendant de l'histoire tabagique

4. Manifestations thoraciques associées aux leucémies aiguës

  • Groupe hétérogène d'hémopathies malignes
  • Prolifération clonale et défaut de maturation des cellules précurseures myéloïdes (75%) ou lymphoïdes (25%) ⇒ envahissement de la moelle par des blastes ⇒ défaut de l'hématopoïèse
  • LAM : pic à 65 ans, LAL : pic entre 2 et 5 ans
  • Clinique peu spécifique : dépend des cytopénies (hémorragies spontanées…), AEG marquée très fréquente (amaigrissement, fatigue, fièvre)
  • Les blastes peuvent envahir plusieurs tissus (foie, rate, ganglions, peau, os, gencives, système nerveux central, rarement le poumon) ⇒ clinique variée

4.1. Atteintes thoraciques des leucémies aiguës

  • 80% des leucémiques auront une complication pulmonaire, plus souvent infectieuse, ou liée à l'hémopathie ou à son traitement (infiltration, leucostase, rarement pneumopathie de lyse, hémorragie alvéolaire, œdème pulmonaire)
  1. Atteinte parenchymateuse pulmonaire leucémique :
    • Infiltration parenchymateuse rapportée dans 24 à 66% des cas (séries autopsiques)
    • Asymptomatiques le plus souvent
    • Seulement 8 à 22% ont une imagerie anormale :
      • Infiltrat réticulaire diffus de topographie lymphatique (épaississement bronchovasculaire et septal)
      • +/- verre dépoli (cellules leucémiques intra-alvéolaires ou hémorragie/oedème sans lien avec la leucémie)
      • Rarement condensations focalisées
    • Histologie : infiltration myéloïde ou lymphoïde péribronchique et péribronchovasculaire
    • Cellules blastiques dans le LBA en l'absence de contamination sanguine (rarement le cas)
  2. Leucostase pulmonaire :
    • Présence de blastes au sein des artérioles et capillaires pulmonaires
    • Complication sérieuse, souvent fatale
    • Mécanisme exacte non élucidé (hyperviscosité, augmentation rapide du taux de blastes, caractères physiques des blastes (grande taille et rigides), et leur phénotype entrent tous en jeu probablement)
    • Clinique : détresse respiratoire, état confusionnel fréquent, hypoxémie souvent sévère
    • Imagerie : infiltrat interstitiel ou alvéolaire diffus, bilatéral, compatible avec un œdème pulmonaire
    • Diagnostic : habituellement post-mortem, ou bien devant une régression sous chimiothérapie (diagnostic à posteriori) ; scintigraphie ⇒ diminution homogène de la perfusion (mais non validé)
    • Traitement : introduction précoce de la chimiothérapie, plasmaphérèse si leucocytes > 100.000/mm3 ⇒ amélioration rapide dès la baisse du nombre de leucocytes
  3. Pneumopathie de lyse :
    • Survient exceptionnellement sur LAM, dans les 48h du début de la chimiothérapie d'induction
    • Les patients ont habituellement un hyperleucocytose > 200.000/mm3, et présentent un pneumopathie infiltrante leucémique et/ou une leucostase avant l'induction
    • Mécanisme inconnue (hypothèse : destruction des blastes ⇒ libération massive de cytokines et d'enzymes cytolytiques ⇒ réaction inflammatoire massive)
    • Clinique : insuffisance respiratoire sévère, fièvre
    • Imagerie : infiltrats alvéolaires diffus bilatéraux
    • Histologie : dommage alvéolaire diffus, présence de blastes dans l'interstitium alvéolaire et vasculaire
    • Traitement : soins intensifs
  4. Sarcome granulocytique (ou chlorome) :
    • Masse(s) tumorale(s) extra-médullaire(s) composée de myéloblastes, dans le contexte d'une LAM le plus souvent
    • Peut précéder le diagnostic de LAM
    • Touche tous les tissus, plus souvent peau, yeux, ganglions
    • Localisations intra-thoraciques rares, médiastinale le plus souvent, parenchymateuse (masses, condensations alvéolaires, interstitielle…), pleurale ou péricardique
  5. Atteinte ganglionnaire leucémique :
    • Adénomégalies médiastino-hilaires fréquentes, plus dans les LAL que LAM
    • Envahissement souvent massif ; peut entraîner un épanchement pleural (compression du canal thoracique), un syndrome cave supérieur, rarement une compression des voies aériennes proximales
  6. Atteinte pleurale leucémique :
    • Fréquente à l'autopsie, rarement symptomatique
    • Soit épanchement, épaississement ou masse pleurale
    • La survenue d'un épanchement au cours d'une leucémie est plus souvent non spécifique de la leucémie

4.2. Manifestations pulmonaires associées aux leucémies aiguës

  1. Hémorragie intra-alvéolaire :
    • Rarement diagnostiquée en ante-mortem, clinique non spécifique (hémoptysie dans seulement 25% des cas)
    • Souvent associée à une autre atteinte pulmonaire (infectieuse le plus souvent)
    • On retrouve une thrombopénie habituellement
    • Imagerie : infiltrat diffus ou localisé, condensations, verre dépoli +/- épaississement des septa inter-lobulaires (= aspect grillagé ou “crazy paving”)
    • LBA hémorragique (20% de sidérophages ⇒ suggère fortement le diagnostic)
  2. Oedème pulmonaire :
    • Cause la plus fréquente d'infiltrat pulmonaire chez le leucémique, après l'infection
    • Lié au traitement (cardiomyopathie toxique, hyperhydratation), ou à une augmentation de la perméabilité capillaire (état inflammatoire)
    • Diagnostic : test thérapeutique aux diurétiques
  3. Protéinose alvéolaire :
    • Complication rare
    • Hypothèse d'une altération fonctionnelle des macrophages alvéolaires lors d'une leucémie
    • Imagerie : verre dépoli, crazy paving parfois
    • LBA : laiteux + matériel extracellulaire PAS (acide périodique Schiff) positif
  4. Syndrome de Sweet :
    • Dermatose neutrophilique
    • Lésions cutanées douloureuses, papulaires, violacées aux membres et au visage
    • Clinique : fièvre, artharlgies, myalgies
    • Histologie : infiltration diffuse du derme superficiel par des PNN matures
    • Le poumon peut être le siège de cette infiltration (comme de nombreux organes
    • Précède le diagnostic de leucémie (LAM habituellement)

5. Manifestations thoraciques associées au myélome

  • Myélome multiple = 1% des cancers (2e hémopathie la plus fréquente)
  • Âge médian = 67 ans, homme et noirs sont plus souvent atteints
  • Prolifération maligne de plasmocytes dans la moelle osseuse ⇒ production d'un Ig monoclonale (identifiée dans le sang ou les urines)
  • Clinique : variable (formes asymptomatiques) ; classiquement : douleurs osseuses (lésions lytiques secondaires), anémie, déficit immunitaire humoral (susceptibilité aux infections bactériennes, plutôt encapsulées)

5.1. Atteintes thoraciques myélomateuses

  • Atteintes autres qu'infectieuses ou liées à la chimiothérapie rares
  • Une pneumonie bactérienne peut être le mode de révélation (susceptibilité aux infections)
  • Embolie pulmonaire, envahissement plasmocytaire thoracique extra-osseux (< 1%), rares atteintes pleurales et parenchymateuses
  1. Localisation pulmonaire spécifique du myélome multiple :
    • De nombreux tissus peuvent être envahis, le plus souvent foie, rate, ganglions
    • Poumon inhabituel, souvent secondaire à l'extension de lésions osseuses thoraciques
    • Infiltrat réticulonodulaire diffus
  2. Myélome multiple pleural :
    • Envahissement pleural plasmocytaire primitif très rare
    • Le plus souvent, il s'agit d'extension d'une lésion osseuse dans l'espace pleural adjacent
    • Ces épanchements myélomateux sont souvent tardifs dans l'histoire de la maladie (⇒ mauvais pronostic)
    • Cytologie du liquide : cellules plasmocytaires atypiques
    • Biopsie souvent nécessaire pour confirmer l'envahissement
    • EPP du liquide peut suggérer le diagnostic (pic monoclonal d'Ig)
  3. Plasmocytome des voies aériennes :
    • Prolifération plasmocytaire maligne, habituellement médullaire, dans les os long, le rachis ou le bassin (masse unique ou multiples)
    • Peut évoluer en MM (apparition d'un pic monoclonal)
    • Peut être extra-medullaire (10%) : le plus souvent au niveau des tissus sous-muqueux de la sphère ORL (larynx notamment)
  4. Plasmocytome pleural : 5 cas dans la littérature

5.2. Complications pulmonaires associées au myélome multiple

  1. Maladie thromboembolique :
    • MM ⇒ risque accru d'évènement (9x), maximal dans la 1ère année suivant le diagnostic
    • FDR : immobilisation, présence cathéters centraux, chimiothérapie (thalidomide surtout), état d'hypercoagulabilité acquis (mal compris)
  2. Épanchement pleural :
    • La plupart sont bénins et indirectement reliés au MM (EP, défaillance cardiaque, syndrome néphrotique, pneumonie, plus rarement une amylose)
  3. Amylose pulmonaire :
    • Dépôts tissulaires de substance amyloïde fibrillaire, primaire ou secondaire (à une atteinte inflammatoire chronique entre autres)
    • Amylose AL = production monoclonale de chaînes légères d'Ig par les plasmocytes ; peut occasionnellement compliquer une hémopathie maligne comme le MM.
    • Le cœur est le plus souvent touché ; l'appareil respiratoire également (73% des patients autopsiés) (amylose trachéobronchique ou amylose parenchymateuse)

6. Manifestations thoraciques associées aux syndromes myéloprolifératifs

  • Groupe d'hémopathies clonales dont l'anomalie commune se situe au niveau des cellules souches hématopoïétiques : production excessive de cellules sanguines matures
  • Quatre principaux types : leucémie myéloïde chronique (LMC), polyglobulie de Vaquez (PV), thrombocytémie essentielle (TE), myélofibrose idiopathique
  • Évolution habituellemet chronique, avec risque de transformation en LAM

6.1. Manifestations pulmonaires des syndromes myéloprolifératifs

  • Elles sont rares
  • Pas d'atteintes thoraciques primitives décrites
  1. Hématopoïèse extra-médullaire :
    • Production de cellules en dehors de la moelle, en réponse à une production insuffisante de cette dernière
    • Plus souvent au niveau du système réticulo-endothélial (foie, rate, ganglions), mais possible dans n'importe quel tissu
    • Thorax : plus souvent masse para-osseuse, rarement pneumopathie interstitielle, masse pleurale, hémothorax
    • Clinique : la plupart du temps asymptomatique (découverte fortuite, ou à l'autopsie pour les atteintes parenchymateuses), ou bien dyspnée progressive
    • Imagerie : lésion typiquement homogène, rehaussée par le PDC ; si ancienne, il peut y avoir des dépôts de fer ou de graisse (hétérogène) ; PID (infiltrat interstitiel bilatéral de topographie lymphatique, rarement nodules)
    • Différentiel : tumeurs neurogènes, ADP médiastinales postérieures
  2. Hypertension artérielle pulmonaire :
    • Incidence accrue suggérée par quelques séries
    • Souvent asymptomatique
    • Mécanismes possible : évènements thromboemboliques répétés, thrombocytose, HE parenchymateuse, hypertension portale, insuffisance cardiaque gauche
  3. Embolie pulmonaire :
    • PV et TE : médiane de survie favorable, faible taux de transformation blastique, mais fréquence des évènements thromboemboliques
    • Pathogénèse mal comprise (hématocrite élevée ⇒ effet prothrombotique)
  4. Protéinose alvéolaire : rare

6.2. Syndrome hyperéosinophilique

  • Groupe de désordres hématologiques hétérogènes, défini par :
    • PNE > 1500/µl pendant au moins 6 mois
    • Absence d'autres causes identifiables
    • Signes suggestifs d'atteinte d'organe(s) cible(s)
  • Rare, touche surtout les hommes (9/1) entre 20 et 50 ans
  • Clinique : variable en fonction des dommages tissulaires (causés par l'infiltration éosinophilique), tous les organes peuvent être touchés (surtout : peau, cœur, poumons, système nerveux central)

6.2.1. Manifestations pulmonaires du syndrome hyperéosinophilique

  • Atteinte pulmonaire présente dans 40 à 60% des cas
  • Clinique variable : toux chronique, rarement sibilants, encore plus rarement un trouble ventilatoire obstructif (⇒ dans ce cas, évoquer un Churg & Strauss)
  • Imagerie non spécifique : infiltrat interstitiel diffus, épaississements septaux, verre dépoli, micronodules ; possibilité d'évolution vers une fibrose
  • LBA : alvéolite éosinophilique pas systématique
  • Épanchement pleural possible (exsudat éosinophilique le plus souvent)
  • Mois de 50% de patients répondent aux corticoïdes (contrairement aux autres pneumopathies éosinophiliques)

7. Manifestations thoraciques associées aux syndromes myélodysplasiques

  • Groupe hétérogène d'hémopathies malignes
  • Défaut de maturation médullaire de cellules souches myéloïdes ⇒ accumulation de blastes dans la moelle ⇒ hématopoïèse inefficace ⇒ cytopénie
  • Évolution bénigne la plupart du temps, mais 40% développent une LAM
  • Découverte le plus souvent fortuite (découverte d'une cytopénie)
  • Diagnostic : myélogramme et caryotype médullaire nécessaires

7.1. Atteintes thoraciques des SMD

  • Rares, peu de données dans la littérature
  • Le plus souvent il s'agit d'atteintes secondaires immunologiques ou réactionnelles, mais l'atteinte thoracique primaire de la maladie est possible
  1. Localisation pulmonaire parenchymateuse des SMD : < 10 cas rapportés
    • Pneumonies éosinophiliques
    • Imagerie non spécifique (infiltrats réticulaires, condensations alvéolaires)
    • Cellules leucémiques dans le LBA ou la biopsie pulmonaire
    • Régression après chimiothérapie possible
  2. Localisation pleurale des SMD :
    • Rare, plus réaction immunologique que l'hémopathie elle même

7.2. Manifestations pulmonaires associées aux SMD

  1. Atteinte parenchymateuse et pleurale dans le cadre d'une maladie auto-immune associée :
    • Dnas 10 à 20% des cas, les plus fréquentes : polyarthrite séronégative, polychondrite récidivante, vascularites cutanées ou systémiques, syndrome de Sweet
    • Certaines ont des manifestations pulmonaire, de formes diverses : infiltrations parenchymateuses neutrophiliques +/- dermatose (syndrome de Sweet), PID non spécifique, pneumonies éosinophiliques, hémorragies alvéolaires (vascularites)
    • Traitement : corticothérapie
  2. Pneumonie organisée :
    • Peut survenir dans un contexte particulier (connectivite, toxicité médicamenteuse, inhalation de toxique), ou être une entité en soi (Pneumonie Organisée Cryptogénique)
    • < 10 cas associés à un SMD
    • Fièvre, symptômes respiratoires non spécifiques, aspect radiologique non spécifique
  3. Protéinose alvéolaire :
    • Parmi les hémopathies malignes, les SMD sont les plus fréquemment associés à la protéinose alvéolaire secondaire
    • Physiologie inconnue

Résumé basé sur Chagnon K., Bergeron A. Pneumopathies des hémopathies malignes hors pneumopathies infectieuses et médicamenteuses. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Pneumologie, 6-062-C-10, 2011.

cours/residanat/pneumologie/manifestations_respiratoires_des_hemopathies.txt · Dernière modification : 2019/04/16 13:35 de admin@medwiki-dz.com

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